On a beau vivre à l'autre bout du monde, avec un climat, des saisons, une langue, une culture et des paysages différents, on finit par s'adapter et penser que notre quotidien est devenu trop monotone pour avoir des choses intéressantes à raconter dans un blog. En y réfléchissant un peu, je reconnais que la vie ici n'est jamais routinière. Chaque jour j'essaie de ne pas oublier à quel point j'ai de la chance et me félicite d'avoir décidé de m'échapper de ma zone de confort en revenant pour de bon en Australie.
Jardiner est une nouvelle discipline pour moi. Je ne dirais pas que j'adore cette activité mais je reconnais que j'en tire de la satisfaction. Ici, ça pousse à toute allure. Surtout en ce moment. Le climat est humide et ensoleillé, et la terre est de bonne qualité. L'avantage, c'est que même en n'ayant pas la main verte, les graines semées ne tardent pas à pousser. En revanche, le désherbage est un travail sans fin et c'est parfois décourageant. J'ai passé des jours à enlever une jungle de mauvaises herbes devant la maison. Le lendemain, après une nuit de pluie et un radieux soleil au matin, de petites pousses vertes faisaient déjà leur apparition. Une des choses que je préfère avec le jardinage c'est d'utiliser les fruits et légumes du jardin pour cuisiner. Maintenant, au lieu d'acheter des produits en fonction de mes recettes, je trouve les recettes en fonction de mes produits. Ainsi, j'ai fait des chutneys de tomates, du pesto, des tomates confites, des compotes de rhubarbe, du caviar d'aubergine...
Ce qui nous maintient si heureux sur cette propriété, ce sont les projets sur le plus ou moins long terme. C'est bien de prendre son temps et de voir évoluer les choses doucement mais sûrement. D'autant plus qu'à force d'attendre, on apprécie d'autant plus les transformations quand elles finissent enfin par se réaliser. A vrai dire, je n'ai aucun mérite. J'observe, je fais mes commentaires mais je ne suis pas vraiment active dans les travaux. Simon s'y investit pleinement et ça me convient parfaitement. Moi, je passe du temps sur Pinterest à rêver de décoration d’intérieur... bien souvent inabordable.
Niveau professionnel, il y a eu quelques changements depuis mon retour de France l'été dernier. La maison de retraite dans laquelle je travaille a ouvert un restaurant les vendredis et samedis soirs. Ce restaurant est supposé permettre aux familles des résidents d'emmener leurs aînés dîner le week-end. L'établissement étant encore très peu fréquenté, je peux prendre le temps de discuter avec les clients. L'accent français passant très bien j'ai réussi à m'en mettre quelques uns dans la poche. Pendant la journée, je travaille au café. Je ne me lasse pas de faire des cappuccinos, lattes et flat whites. Je vais essayer d'exceller dans le Coffee Art. Une compétence grandement appréciée ici en Australie. J'ai également l'opportunité de faire un peu de pâtisserie. Les scones ont beau être de grands classiques dans ce pays, notre clientèle ne semble pas rechigner à tester des nouveautés. Ainsi, éclairs au chocolat, choux à la crème, rochers cocos et crème caramel sont parfois au menu. Finalement je ne devrais pas être si surprise d'apprécier mon travail. La nourriture et le contact, c'est tout ce que j'ai toujours aimé.
L'autre nouveauté, et peut-être une nouvelle perspective professionnelle pour moi, concerne les cours personnels de français que je donne dorénavant à une dame que j'ai rencontrée au cours de yoga. On essaie de se voir deux fois par semaine. Le premier cours fût un peu chaotique. Pas facile d'enseigner une langue que l'on pratique depuis toujours, à quelqu'un qui commence avec les bases. Petit à petit, je commence à m'organiser, préparer des leçons et approfondir certains sujets. Ça prend du temps mais mon étudiante semble apprécier. Je ne la considère à vrai dire déjà plus comme mon étudiante. Anna est une personne tellement gentille qu'elle est déjà devenue mon amie. Je suis stupéfaite de la quantité innombrable de personnes adorables qui m'entourent. Tant de bienveillance, qu'il s'agisse des résidents de la maison de retraites, des clients au café ou au restaurant, des voisins ou même des personnes rencontrées complètement au hasard. J'ai de plus en plus foi en l'espèce humaine depuis que j'habite loin des grandes villes.
Voilà ce qu'il en est de ma vie à Valla, en Australie. Un petite vie bien tranquille sans trop de stress ou de problème particulier. Et quand bien même on aurait eu une dure journée, ce qui arrive parfois, on a toujours le spa, la nouvelle acquisition de Bill, pour se relaxer et apprécier le magnifique environnement qui nous entoure.